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Tolérance et idéologie

Ces deux termes semblent s’opposer : le premier est du domaine de l’action, du concret, le second fait plus appel à l’abstrait, à la réflexion.

Je crois qu’ils sont interactifs et que l’on ne peut pas travailler sur l’un sans aborder l’autre.

Je ferais référence dans ce travail à deux études :

  • Une approche de la personnalité par trois états distincts de l’individu : Enfant – Adulte et Parent, d’un dénommé Bern

  • La distinction entre trois formes de cerveau : cerveau affectif, cerveau logique, cerveau réfléchi s’appuyant sur les particularités de nos hémisphères cérébraux gauche et droit.

Je vous propose d’aborder le thème proposé sous trois aspects :

  • Pourquoi la tolérance est-elle pour le F.·. M.·. une vertu à acquérir ?

La réponse sera liée à et à la

  • Quel est le rapport entre tolérance et idéologie ?

La réponse sera liée à la et à la

Comment pratiquer la tolérance pour apporter le progrès social, économique et culturel ?

La réponse sera liée à l’et à la

Le symbole du chiffre 3 est vraiment  universel !  

Commençons par définir la tolérance : c’est l’action de supporter avec patience et bienveillance des personnes qui professent des idées ou manifestent des sentiments contraires aux nôtres.

En corollaire, l’intolérance est une disposition à haïr, à violenter ceux avec qui on diffère de croyances ou d’opinions.

Dans le monde profane nous oscillons spontanément, impulsivement, entre ces deux limites, selon notre sensibilité ou en fonction de notre intime conviction. Cela se passe bien souvent sans que nous en soyons conscient et sans savoir où est le juste milieu entre ces deux pôles.

Il semblerait que l’homme n’utilise pas en lui-même un étalon de mesure naturel, à l’instar du mètre ou de tout autre instrument de mesure, pour avoir un repère par rapport à lui-même ou par rapport aux autres au moment opportun, tout en sachant par ailleurs que ces mesures crées par l’homme sont aussi subjectives.

De plus nos actions et réactions physiques dépendent d’une part de nos pensées, croyances, idéologies et d’autre part de notre ressenti provenant de notre expérience.

 

 

 

C’est là que la démarche maçonnique prend toute sa place :

  • Elle nous fait prendre conscience qu’il existe d’autres règles que les nôtres

  • Elle nous apprend à supporter avec patience et bienveillance l’Autre

  • Elle nous fait découvrir que toute vérité est relative

Nos certitudes, nos croyances, nos aprioris sont remis en cause et se diluent puis disparaissent tout naturellement…. du moins espérons-le !

Lorsque nous dégrossissons notre pierre brute nous allons vers le profond de notre être, dans le sens de la verticale symbolisé par le fil à plomb : c’est notre premier pas qui va nous permettre de mesurer notre propre déviation affective en tant que ressenti intérieur.

La première loi à laquelle nous sommes confrontés est la Tolérance affective dont la clé est de stopper nos pensées critiques pour ressentir seulement un moment de partage. Lorsque nous allons en visite dans une loge et que nous rencontrons pour la première fois une sœur ou un frère, nous lui donnons l’accolade fraternelle sans rien savoir de sa vie, de sa situation sociale. A cet instant si nous n’avons aucune pensée particulière concernant son apparence tout naturellement nous ressentons cet amour fraternel. En apprenant à le faire consciemment, on va éliminer en nous nos aprioris, nos jugements de valeur, nos expériences malheureuses que l’on projette inconsciemment sur autrui.  On libère alors cette loi universelle inscrite en chacun de nous, ce ressenti intérieur, premier pas du F.·. M.·. résumé en un mot : FRATERNITE.

  Je lie cette notion à la Beauté qui se dit des éléments spirituels et moraux et de toutes les choses qui nous donnent du plaisir à voir et à entendre. Il s’agit de la beauté de l’esprit et des sentiments, plus estimable que celle du corps.

 

Quel est le rapport entre tolérance et idéologie ?

Si je faisais une religion, disait Voltaire, je mettrais l’intolérance au nombre des péchés mortels.

Dans la mouvance de la fin du Moyen Âge et du début de la Renaissance, Montaigne exprime le doute sur toutes les certitudes établies. Il possède une conscience de l’instabilité du monde qui le rend méfiant face à tous ceux qui prétendent formuler des lois immuables. Les progrès scientifiques de son siècle, les grandes découvertes et les débats religieux prouvent à Montaigne que les vérités sont éphémères. Les dogmes sont remis en question. L’esprit critique renait de ses cendres et la Raison prend force et vigueur.

La spiritualité religieuse laisse le pas à l’idéologie qui satisfait les intellectuels de toute tendance. Le rationalisme à son tour chasse le doute sur le raisonnement lui-même et le délire de la raison peut à son tour en toute bonne foi, prôner l’intolérance dont le délit d’opinion est une de ses conséquences : la loi de la raison a remplacé la foi de la religion. Ces deux éléments ne changent rien si le doute conscient et volontaire ne peut plus remplir sa fonction. La tolérance intellectuelle est donc le deuxième pas du F.·. M.·. qui lui ouvre l’esprit vers la Sagesse c’est-à-dire vers un parfait discernement des choses et dont la clé est de faire la thèse et l’antithèse de toute affirmation avec autant de conviction dans un sens comme dans l’autre.

Il convient d’utiliser la dualité comme une complémentarité, non plus comme une opposition, pour libérer l’esprit.

Le pavé mosaïque illustre bien cette démarche maçonnique dont l’instrument est symbolisé par le compas : ne dit-on pas un esprit ouvert ou fermé pour reconnaitre l’intelligence d’une personne en dehors de toute considération de son savoir.

Avoir l’esprit « ouvert » c’est acquérir la LIBERTE.

 

Arrivé à ce stade sur le chemin initiatique quel est le troisième pas à faire pour continuer le voyage ?

Il reste à rechercher et découvrir la troisième loi universelle pour pratiquer la tolérance et apporter à l’humanité le progrès social, économique et culturel avec une plus grande équité.

Dans le monde profane nos actions se heurtent à des rapports de force entre individus qui se mesurent par la comparaison entre trois possibilités : supériorité, égalité, infériorité. C’est le monde physique, matérialiste, où, pour une majorité, seul le résultat compte, où prime la satisfaction des besoins, où la raison du plus fort est toujours la meilleure. Une minorité pourrait affirmer que le cœur à ses raisons que la raison doit ignorer : guerre pour les uns tant qu’ils sont les plus forts, paix pour les autres pour avoir le bonheur de vivre dans un monde harmonieux.

La tolérance, à cet instant, est celle de la solidarité qui se manifeste par le partage et l’échange volontairement acceptés par chacun en toute liberté d’esprit et en toute fraternité.  Pour avoir cette satisfaction il convient d’appliquer la troisième loi : la tolérance  physique  dont la clé est de vouloir consciemment la réalité telle qu’elle est, ici et maintenant.

Par l’application de ces trois lois : affective, intellectuelle et physique, nous passons d’un état du moi « enfant » dans la théorie bernienne à un état du moi « adulte » en prenant conscience, avec du recul, de la situation telle qu’elle est. On ne peut pas toujours satisfaire ce que l’enfant désire mais par l’acceptation de la réalité apparait le troisième état du moi appelé « parent » qui a le pouvoir de réaliser le désir ou l’objectif qu’il rend raisonnable et réalisable.

Les trois instances du moi dans la personnalité peuvent maintenant remplir individuellement leur fonction, se faire des concessions et travailler pour le bien de tous. Chacun pourra recevoir la part qui lui revient dans une juste mesure, en toute EGALITE.

J’associe l’égalité à la Force, faculté naturelle d’agir. Elle demande le courage qui donne la confiance pour supporter les afflictions et l’audace pour entreprendre.

 

Il convient maintenant de mettre ces lois en application et de faire appel à notre cerveau.

Pour simplifier, ce cerveau est constitué de deux hémisphères ayant chacun leur fonction :

  • l’hémisphère gauche est dit logique, rationnel ; il nous permet d’analyser et de prendre des décisions. Il est coutume de dire que cet hémisphère est le lieu du langage, du calcul, du raisonnement, de l’analyse et du discours.  

  • l’hémisphère droit est dit affectif ; c’est le centre de la créativité, de l’habileté spatiale, de la musique, de la conscience sensitive.

  • Les deux hémisphères communiquent par le corps caleux. L’utilisation raisonnée des deux est dit : travailler en cerveau réfléchi.

 Nous avons tous une dominante, logique ou affective. Personne n’est à 50/50 dans l’utilisation de son cerveau ; cela peut aller de 51/49 à 99/1 en caricaturant.

Pour travailler sur la tolérance affective nous ferons appel à notre hémisphère droit. Pour la tolérance intellectuelle c’est le cerveau réfléchi. Pour la tolérance physique c’est à notre hémisphère gauche que nous ferons appel.

 

Tout ceci peut paraitre, dans son utilisation, très théorique. La première fois que l’on m’expliqua le fonctionnement   de   mon cerveau et la théorie de Bern, je fus sceptique d’autant que cela se passait à l’Université Laval, à Québec, par des cousins qui ne parlaient pas comme moi !

Inconsciemment mon cerveau gauche me suggéra qu’il ne me coûtait rien d’essayer ; je peux affirmer que la pratique m’a convaincu de leur bien fondé et leur efficacité. L’utilisation de ces deux outils depuis mon entrée en F.·. M.·. fut plus que bénéfique.

 

J’ai tenté de résumer dans cette planche une longue conversation que j’ai eue avec Jacques G.·., un Frère qui m’a accompagné un temps sur mon chemin initiatique.

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